Champion de France en titre, Or olympique par équipe en titre, entretien avec le lieutenant-colonel Thibaut Vallette, écuyer du Cadre noir de Saumur, quelques jours en amont de la 1ère étape du Grand National de Saumur qui vient de se terminer.


MGPY France : Bonjour colonel. Dites-nous comment se passe cette sortie d’hiver ?
LCL Thibaut Vallette : Ce n’est pas une période particulièrement drôle pour les chevaux, surtout pour les chevaux qui ont un peu d’âge, on se demande si on doit les travailler, pas les travailler et comment. Et c’est une période longue, parce que les saisons s’arrêtent un peu plus tôt pour ces chevaux. Qing a passé un bon hiver et il est en forme, donc il est prêt à ré-attaquer la saison. Il est bien souple, comme d’habitude, gentil, volontaire, il ne change pas.
MG: Pour avoir sa condition mentale et physique aujourd’hui, vous avez dû vous construire durant ces années dans un vrai relâchement tous les deux ?
Lcl TV : Après c’est un cheval qui est tellement bon que l’on peut économiser beaucoup de choses. Sur le plat, il est tellement bon que nous devons travailler par thème par exemple. Je vais parfois m’axer avec ce cheval-là, sans doute trop par moments aussi, à travailler la souplesse et à ne pas travailler en intensité. Juste travailler pour la souplesse du dos, en ne l’ayant pas vite, mais qu’il soit très souple dans sa façon de bouger. Qing n’a pas beaucoup sauté finalement, j’ai économisé de nombreuses de séances à l’obstacle, alors parfois ça nous joue des tours. Ce n’est pas non plus un cheval qui a besoin de galoper toute l’année pour être en forme et en condition. Là encore une économie de galop et de mise en souffle. Mais c’est parce qu’il est très bon que ces économies peuvent être faites. Il faut également dire que nous nous par cœur. Il est dans ce petit rythme de travail qui lui convient très bien.
Qing ne va ni au marcheur ni au paddock. Je le longe très peu donc tous les jours même en hiver je le monte deux fois. Je le prends en premier quand j’arrive et je vais me balader sur les pistes, il va marcher et trotter. L’après-midi, je le monte une demi-heure sur le plat. C’est son quotidien.
Il a donc forcément un rythme cardiaque qui est top, tout comme sa faculté de récupération. Il a tout pour lui. C’est plus facile avec ces chevaux là qu’avec d’autres. Il faut juste que je le garde bien souple et puis que je lui mette un peu de poids sur les hanches car c’est un cheval qui est très horizontal dans son travail.
MG : De votre façon de parler de Qing, on sent que le lien est vraiment fort
Lcl TV : C’est un cheval qui m’aura tout appris. J’aurais ressenti beaucoup de choses. Il est hyper généreux certes mais c’est il y a également le fait de monter les chevaux du Cadre noir de Saumur qui sont « hyper » dressés. J’ai un cheval pour faire la reprise de manège qui change de pied au temps, qui piaffe, qui passage.
Ces chevaux-ci nous apprennent des choses, on imprime des sensations avec eux.
De ne jamais avoir senti le cheval dans le passage, ou les bonnes vitesses dans le trot ou le galop, ne permet pas de savoir exactement ce que l’on cherche. J’ai cette chance-là de pouvoir travailler avec et de monter avec ces chevaux, comme de les présenter en galas.
J’ai un métier dans lequel je fais des cours, des galas, des concours, et ce trio est assez complémentaire.
MG : On vous connaît également avec Babacool de Brenne sur le CCE.
Lcl TV : Babacool n’est plus avec moi, c’était un cheval qui était en contrat de partenariat parce qu’il n’appartenait pas à l’école. Je l’avais récupéré en fin d’année de six ans, alors qu’il sortait du cso. Je l’ai gardé trois ans, il est qualifié 4* en complet maintenant. Beaucoup de qualités, un peu de passé, pas tout simple, c’est un cheval que j’aurais beaucoup travaillé, qui aura beaucoup progressé, et j’espère que ça se passera bien pour lui dans l’avenir.
Un Upsilon avec la mère d’Eboli
MG : Votre piquet 2021 ?
Lcl TV : J’ai quatre jeunes chevaux. Deux 6 ans, deux 5 ans. L’un des 6 ans était à Philippe Mull l’année dernière qui a fait les « 5 ans », qui s’appelle Foxtrot du Peyroux (Blues de Loulier x Adzaro de l’Abbaye x Quaprice Boismargot). C’est un cheval qui a une très bonne tête sur le cross, on va voir ce que ça va donner.
L’autre 6 ans c’est Edelweiss Pompadour, hongre AA, fils d’Upsilon et (x Eternelle x Qlondike*HN*IFCE ) en contrat de partenariat avec l’école donc il remplace finalement Babacool en fait puisqu’il est dans les mêmes conditions. Edelweiss, c’est un très bon cheval qui appartient à Thierry Leroy.
C’est un Upsilon et la mère, c’est la mère d’Eboli, le cheval de Nicolas Touzaint.
Je n’ai jamais vu un cheval qui sautait le concours hippique comme ça, et il a une grosse locomotion, en revanche il faut tout lui apprendre. Nous l’avons amené plusieurs fois avec Thierry Touzaint à Verrie. Alors il montre plein de bonnes choses, mais il est inquiet là-haut, il ne faut pas trop bouger, mais dans la qualité, il est très très bon.
Pour les 5 ans, l’un est à l’école, il s’appelle Grain de Sel, c’est un Upsilon aussi avec une mère anglo (x Obate de Bas x Ryon d’Anzex). Je l’ai depuis qu’il a 4 ans, il n’est pas sorti l’année dernière parce qu’il avait besoin de travailler un peu et qu’il n’était pas prêt à sortir. Il va faire les 5 ans cette année, et il commence à bien s’y mettre. C’est un cheval qui bouge très bien, qui saute bien et qui est vraiment intéressant. Le dernier 5 ans s’appelle Girolata La Buissonne, mâle SF ( x Kannan KWPN x Romane de Peyraud SFA x Idem de B’Neville, SFA) et commence à apprendre son métier, qui est sympa, avec de la qualité, et qui saute très bien.
© Melanie Guillamot. Stage fédéral Saumur Février 2021. #LesEntrevuesComplètes