Entrevues complètes : Le renouveau de la filière !

©A. Boiteau * IFCE * M.Guillamot – Quoriano * IFCE

Entrevue avec l’Ecuyer du Cadre noir de Saumur, médaillé olympique, Arnaud Boiteau

MG : Arnaud Boiteau, un retour sur la compétition [ndlr : Saumur Complet 2021]?

A.Boiteau : Quatre jours qui se sont passés magnifiquement. Déjà avec 4 chevaux à monter, c’était copieux. Tous sont classés, donc que vouloir de plus, du moins sportivement parlant.

Je suis ravi déjà de Quoriano*IFCE qui, une fois de plus, a prouvé toute sa fraîcheur à 17 ans. J’enchaînais les Grands nationaux, qui ne sont pas faciles mais plus courts. Cette fois, un cross de 10 minutes, c’est différent. Il a prouvé hier sur le tour qu’il était tout à fait dans le coup physiquement. Encore aujourd’hui sur l’hippique. Nous avons eu de très bonnes sensations, nous étions bien connectés tous les 2, on se connaît plus que par cœur et il aligne les performances de manière incroyable. 4e à Saumur en début d’année, 3e à Pompadour, 4e cette fois-ci. C’est un cheval qui est exceptionnel. Les « esprits chagrins » diront qu’avec lui, nous ne sommes jamais sûrs de son bon-vouloir. L’année dernière à Pau, il s’est arrêté de manière peu compréhensible. Là nous courrons à domicile, je ne l’oublie pas non plus, mais on ne va pas lui reprocher de faire ce qu’il a bien fait et il l’a très bien fait.

MG  : On vous sent très en forme ?

A.Boiteau : C’est vrai que la sérénité découle de cette régularité. On vieillit tous les deux, et plus on vieillit et dès lors que nous sommes encore en forme, mieux on monte. Il y a l’expérience, le relâchement.

MG  : Ce travail sur le relâchement, c’est ce qui permet d’impacter l’émotivité du cheval ?

A.Boiteau : Ils sont vraiment des éponges et lorsqu’on le dit, nous sommes encore en-dessous de la vérité. C’est évidemment une aide ce relâchement, cela permet d’avoir l’action juste au bon moment, ciblée, d’éviter les gestes parasites et surtout de polluer le cheval. C’est particulièrement le cas avec des chevaux aussi sensibles que le mien qui ressentent tout. On le dit souvent, c’est un cheval, il nous parle. J’ai eu beaucoup de chevaux dans ma carrière mais avec ce niveau de sensibilité et de finesse… J’ai mille exemples qui parfois nous donnent des doutes quant à son côté « basiquement animal. » ll vit chez moi, dans la famille,  nous l’avons quasiment sous les yeux jour et nuit.

MG  : Il est au box quand même ?

A.Boiteau : Absolument pas, justement, c’est un cheval qui appartient à l’IFCE, avec qui nous avons signé une convention pour le faire vivre dehors. Ça n’allait plus du tout, il était malheureux. La question du bien-être animal est, à juste titre, au cœur des actualités. En ce sens, nous avons avec Quoriano vraiment un cas d’école, sur le rapport bien-être animal et performances, et performances de très haut niveau, nous sommes quasiment au top. C’est une combinaison qui fonctionne très bien avec ce cheval-ci, à la base de laquelle il y a tout aussi simplement le fait que c’est un crack !

©M.Guillamot 03/05/2021

© A. Boiteau * IFCE * M.Guilllamot

Entrevue : Guillaume Blanc, Accompagnement de la filière équestre IFCE

Victoire allemande pour Selle Français sur le CCI4*L de Saumur

« Bérengère Lacroix, la directrice du Selle français, me confiait à l’instant que ce Saumur Complet 2021 était presque un concours des races françaises puisque les onze premières places sont tenues par des SF ou des AA. ». Retour avec Guillaume Blanc, accompagnateur de la filière en France. 

MG  : Nos races plaisent également beaucoup aux cavaliers du tour asiatique…

G.Blanc : C’est à mon sens un point différent, les Français sont des coachs de très bonne qualité, pour preuve les dernières Jeux asiatiques, les 4 premières places étaient tenues par des coachs français. (ndlr pour 2018, derniers Jeux : L.Bousquet/Japon, M. Livio/Thaïlande, R.Scherer/Inde, P.Boutet/Chine.)

Bien entendu lorsque l’on a un coach et qu’on vient travailler sur un pays, nous allons avoir des chevaux qui sont issus de ce pays, et c’est là aussi que la filière se tient dans son ensemble. Il ne faut pas opposer les uns par rapport aux autres. Le fait de pouvoir travailler entre l’élevage, l’utilisation, la production permet que nous travaillions dans le même sens.

Tendances lourdes et signaux faibles, la nécessité d’une gestion transversale

G.Blanc : Les problématiques de la filière sont indiquées par toutes les tendances lourdes ou les signaux faibles que renvoient la société, donc il va être question du bien-être animal, d’utilisation des équidés, tout ce qui touche à la donne TVA, aux aides, à la PAC.

Autant de problématiques qui sont transversales, ce n’est absolument pas une réflexion qu’il faut mener dans son segment.

Si on prend le bien-être animal, le travail au niveau des courses, le hastag #raceandcare, il y a un vrai travail sur la sanction des jockeys. On note également une véritable prise de conscience de la nécessité de voir quelle est la perception par le grand public de nos activités. Le constat est que nous échangeons entre techniciens, jouissons d’une image stéréotypée de nantis alors que le cheval est porteur d’une image forte.

Encore une fois, le monde des courses rebondit et affirme ses prises de position. Le basketteur français Tony Parker vient d’acquérir plusieurs chevaux de courses. Par son impact et son image, il va toucher des catégories de personnes que nous ne connaissons pas du tout. Force est de constater que nous avons besoin de relais médias, nous avons besoin de grand public. L’écrivain Jean-Louis Gouraud indique en ce sens que le cheval n’est pas un animal de compagnie, ce n’est pas un animal de rente, c’est un animal familier, c’est-à-dire avec lequel on va interagir de manière quotidienne. C’est une clef de communication. Lorsque l’on parle du couple cavalier/cheval, c’est une vraie valeur. Pour aller, à un niveau élevé de compétitions, on n’y va pas avec n’importe quel cheval, ni n’importe quel cavalier. Il y a une confiance qui s’instaure entre le cavalier et le cheval, dans la façon de travailler, de partager une émotion, ce point est fondamental.

On n’est pas performant si on n’est pas avec le cheval. On ne peut être performant qu’avec le cheval.

©M.Guillamot 03/05/2021

Un soutien en pleine conscience par les collectivités !

Entrevues avec Jacky Goulet, Maire de Saumur et Président de la communauté d’agglomérations, et Eric Touron, responsable de la filière équine pour la Région.

MG  : Monsieur le Maire, Bonjour, Saumur Complet vient de se terminer. Vous êtes des nôtres sur le terrain, comme toujours. Comment s’est déroulée cette édition de votre point de vue ?

J.Goulet : Le challenge a été relevé de tenir la manifestation grâce à trois facteurs, la qualité de ce qu’on a pu voir comme sport et émotions, la qualité du temps, et cette idée d’avoir digitalisé l’événement notamment avec les web TV. Cette volonté de la présidente du Comité Equestre de Saumur, Marie-Claude Varin Missire nous a permis un rayonnement supérieur à ces conditions et mesures de huis-clos. On s’aperçoit de la nécessité de continuer à avoir de l’activité, parce que les chevaux comme l’entraînement ne sont pas en confinement, et que la partie compétitions est strictement nécessaire pour les cavaliers, les chevaux, et les calculs de classement pour pouvoir aller demain dans d’autres compétitions. Il était essentiel que la communauté d’agglomérations et la ville que je représente, soutiennent les actions aux côtés du comité équestre et de l’IFCE. Je n’ai aucun regret même si j’avais des inquiétudes. Il s’agit de prendre des décisions importantes, aussi bien du point de vue technique qu’organisationnel, et bien que l’on n’en parle jamais, bien évidemment financier aussi.

MG  : Toujours donc dans une démarche collégiale de support du patrimoine équestre ?

J.Goulet : La ville de Saumur est la capitale équestre, c’est aussi 2.000 emplois sur le saumurois, c’est une activité forte. Aussi, on se doit lorsque l’on est élu de représenter cette filière qui est pour nous à Saumur au combien importante et que l’on aime ou pas, que l’on pratique une discipline avec le cheval ou pas. Lorsque je n’étais pas dans mes mandats actuels, j’étais déjà présent sur les terrains, tout simplement parce que je veux vraiment défendre cette filière.

D’ici quelques semaines, le Groupement d’Intérêt Public sera la preuve de la volonté de l’ensemble des acteurs d’avancer collégialement, quelques soient les appartenances. Nous servons l’intérêt général, celui de la filière cheval, c’est la seule chose qui doit nous guider. Jamais nous n’avons eu autant de cohésion, peut-être parce que nous avons frôlé la catastrophe, donc finalement on se regroupe comme dans toutes les grandes difficultés. Sans mobilisation, le terrain de Verrie ne serait plus entretenu par l’IFCE. C’est un terrain de l’Etat, nous n’aurions pas pu le reprendre en entretien seuls ; agglomérations ou ville. Il faut aussi dire que malgré la mobilisation des élus, des associations nationales et régionales, rien ne pourrait jamais se faire sur ce site, sans l’engagement extraordinaire des bénévoles et associations qui sont la cheville ouvrière, et qui sont simplement la réussite de ces événements.

MG  : Eric Touron, vous représentez la filière équestre auprès de la région, un bilan de ce premier mandat ?

E.Touron : Oui, encore pour quelques semaines. Je prends toujours autant de plaisir à venir ici puisque c’est mon territoire le saumurois. Le patrimoine équestre de Saumur fait partie de notre ADN, c’est par ailleurs un vecteur économique relativement important, des emplois directs et indirects. Le cheval en général, pas uniquement à Saumur est un sujet qui fédère. C’est un lien social et politique également.

Président de l’association de préfiguration du GIP de Verrie, avec des projets pour le site, car l’Etat au 31 décembre 2022 se désengagera totalement, j’ai participé au regroupement des collectivités pour essayer de trouver une solution viable pour ce site en l’améliorant. Dès demain, nous avons Louise Kufel, une ancienne de la FFE, qui commencera à intervenir en tant que chargée de projets pour arriver à mettre en musique ce que nous avons envisagé pour Verrie.

J’espère que nous réussirons à faire que le site s’axera autour du cheval, autour de l’environnement, de la culture comme du tourisme. Un hôtel équestre pour héberger chevaux et cavaliers, qui pourrait partir en randonnée. Essayer d’offrir une proposition pour la famille qui ne serait pas non plus équitante. Des grands projets avec une enveloppe importante autour de 7 à 8 millions d’euros au minimum. Il faut que toutes les collectivités soient parties prenantes pour faire face au budget annuel qui serait autour de 400.000€ par an. Donc nous cherchons actuellement ce qu’on appelle le « petit équilibre ».

MG  : Une construction mixte entre public et privé ?

E.Touron : Des partenaires privés sont imaginables. Ainsi le porteur de projet touristique est du secteur privé. Cela rencontre certaines difficultés puisque nous sommes aujourd’hui sur un site public, et qu’un investisseur privé veut être propriétaire du terrain. Nous sommes donc en train, avec l’Etat, de mener les démarches nécessaires pour pouvoir identifier les parcelles et l’emprise nécessaires pour faire vivre ce projet, et garder la main bien évidemment parce qu’il nous faut construire un écosystème ici. L’hôtel va vivre avec des touristes de mai à octobre, et il est impératif que le site reste vivant ensuite afin de permettre à l’hôtelier d’avoir un taux d’occupation de son parc lui permettant la pérennité.

L’écuyer du Cadre noir de Saumur * IFCE sur le départ du CCE GN Le Lion d’Angers 2021
Sortie des écuries de l’ancien Haras national [c] MG

MG  : Nous avons un exemple fort de liens dans les Pays de Loire entre la population et ce type de terrain, c’est le Parc de l’Isle Briand ?

E.Touron : C’est différent. Il y a une histoire forte derrière cette appartenance. Au Lion d’Angers, il y a une culture « haras nationaux et vie locale ». Une osmose entre les deux entités. Au Saumurois, les gens viennent se balader, mais il est certain que nous n’avons pas la même histoire qu’au Lion, le haras rythmait aussi la vie de villages, les éleveurs ancrés dans ce rituel d’aller avec leurs juments aux étalons du haras, il y a une vie et une histoire.

Je remercie l’IFCE aujourd’hui de cette ouverture. Reste que pragmatiquement, pendant très longtemps, le Cadre noir était peu accessible de l’extérieur. Les saumurois avaient presque peur de l’institution, alors qu’aujourd’hui par la démocratisation, il est désormais possible de nous identifier à cette institution.

Bien-Être animal et soutien aux entreprises en ligne de mire.

E.Touron : Par ailleurs, en tant que responsable de la région de la filière équine, il y a ce projet de Saumur, de nombreux autres projets sur la région autour du cheval. Sur la filière globale, le bien-être animal qui va être dans les prochaines années un sujet important, va nécessiter qu’on s’y intéresse au niveau « subventions ». Certaines écuries n’auront pas les moyens de se mettre aux normes, donc c’est un sujet important que l’on traite actuellement dans les négociations avec la PAC. Nous allons essayer de faire rentrer cette amélioration des écuries, cette mise aux normes dans la future politique agricole commune.

Les Ecuries actives, promesse d’un avenir pour le bien-être équin. Ecuries de Lisors [14]. Pascal Frotiée. © M.Guillamot

©M.Guillamot 03/05/2021

Entrevue : Catherine Poulin, bénévole du Comité Equestre de Saumur. Saumur complet 2021.

La force du groupe et du collectif.

Catherine Poulin est bénévole : « Cette année, nous avons reçu les consignes des masques obligatoires et du lavage des mains fréquent. Nous sommes sur place depuis le 8 avril pour certains, pour préparer les obstacles, les repeindre… Sur le terrain depuis 1 mois , nous sommes entre 12 et 15. Pendant la semaine de concours, nous pouvons être jusqu’à 100. J’ai choisi d’être bénévole pour aider les autres, pour me rendre service aussi moi-même.

Le fait d’être bénévole depuis des années, me fait sortir de chez moi, voir du monde, faire quelque chose de différent… J’ai monté à cheval dans le temps, maintenant je suis bénévole sur les compétitions de complet, d’attelage, de voltige, mais pas que je suis sur le marathon de la ville également et plusieurs autres manifestations qui ne sont pas liées du tout au monde équestre. La force des bénévoles c’est le groupe, nous avons réussi à faire une famille. Nous sommes tellement nombreux à nous retrouver fréquemment tous que c’est sympa, on se connaît, on a confiance les uns dans les autres. » ©M.Guillamot 03/05/2021

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