J’ai eu l’honneur ces dernières années de côtoyer deux Grands Hommes,
Deux Grands Hommes comme on n’en fait plus et qu’on n’en voit guère…
Deux Grands Hommes qui malgré toute la richesse de leur culture et du patrimoine dont ils sont dépositaires ont prêté une attention au combien bienveillante au grain de sable que je suis.
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Je crois que les 35 dernières années ont été consacré à me construire pour toucher du doigt certains rêves de petite fille, une gamine passionnée de chevaux, de voyages, d’Afrique, de vieilles pierres et d’histoire …
Parfois on idéalise, et la réalité vous rattrape, mais il arrive aussi que le réel soit bien au-delà de ce que vous imaginiez.
Je n’aurais jamais cru que nous aurions autant de sujets d’échanges, qu’ils m’accueilleraient tous deux ainsi, aussi attentifs, aussi disponibles, aussi simplement. Toujours avec un mot bienveillant, une petite attention, la considération de très grands pour une « inconnue au bataillon »…
Les voir partir en retraite, signifie pour moi la fin d’un monde, Alain vient de signer son dernier spectacle et je sais qu’un autre départ qui va m’affecter, celui de Jean, est imminent… Voir partir ces hommes d’honneur, ces hommes comme il n’y en a plus guère dans les nouvelles générations, va créer un vide comme je ne saurais dire…
Ils sont ceux vers lesquels je me tourne lorsque j’ai des questions, ils sont de ceux qui savent ce que le monde d’aujourd’hui fait tant d’efforts pour effacer… ils sont également ceux qui ont témoigné d’une ouverture d’esprit rare, puisque dans le monde dans lequel ils ont grandi les femmes n’ont pas toujours eu une place,
pourtant tous deux m’ont accueillie, parfois protégée, soutenue, conseillée comme personne d’autres.
Alain, Jean … si je pouvais, je vous garderais encore 25 ans à mes côtés juste pour continuer d’apprendre chaque jour avec cette richesse de coeur et d’esprit qui vous caractérise …
La vie continue et nous sommes toujours là, alors merci de tous ces moments, peu nombreux à tout dire avec Alain, mais toujours tellement riches de nos passions communes,
et que dire de vous Jean, sans vous je n’aurais jamais franchi la première grille, je ne saurais toujours pas qu’une femme ne se décoiffe, ni n’enlève ses gants en aucune occasion, que ma droiture et mon intégrité avaient enfin trouvé leur raison d’être. Que vous seul savez à quel point j’ai oeuvré par mon seul travail, et mon engagement, par mes valeurs pour franchir les obstacles…
Dans cette année où les attaques professionnelles fusent de toutes parts, où l’humain prend de sacrées baffes, où l’ignorance, le vide de contenus, où opportunisme et individualisme deviennent légion, que l’amateurisme gagne à tous les niveaux, où la vie apporte un lot d’épreuves toujours plus infranchissables, où le frigo se vide de mes actions de sponsors à des disciplines, que les loyers sont impayés, que les impôts n’ont de cesse de m’envoyer leurs courriers… Je suis riche de la vie que j’ai choisi et de votre attention qui a contribué à construire la femme que je suis…
Qu’importe demain, qu’importe les attaques aujourd’hui, ce qui est pris est pris, et votre bienveillance d’hier m’honore bien plus que n’importe quelle autre voie. Demain sera autre, ou ne sera pas … Tant que la santé et l’étincelle de vie sont avec nous, j’ose croire que la vie au-delà des épreuves, continuera de nous apporter de belles surprises; Et puisqu’en mon coeur, je suis dépositaire d’un patrimoine, soyez certains que je le garderai en vie d’une manière ou d’une autre, ne serait-ce qu’en restant fidèle, droite et loyale comme vous me connaissez.
Merci infiniment de ces moments partagés, j’espère que nous en aurons bien d’autres, puisque ce n’est que de retraite dont il s’agit. Merci à tous deux de m’avoir accueilli dans ces deux grandes institutions que vous représentiez et représenterez toujours à mes yeux. Merci de cette transmission humaine d’un patrimoine qui n’a aucun prix, que de valeurs qui nous construisent.
A MM. Alain Laurioux et Jean Chevret.

